Gambie: Deyda Hydara, journaliste réduit au silence

Deyda Hydara, fondateur du journal indépendant The Point était une voix faisant autorité des médias gambiens. Il a été abattu en décembre 2004 dans un plan orchestré pour le faire taire à jamais et semer la peur au sein de la communauté des médias.

Avant son assassinat, Hydara avait reçu de nombreuses menaces de mort, le harcelant et le pressant d’arrêter sa chronique populaire  » Good Morning President » , où il a mis en évidence les zones de préoccupations dans le pays. Hydara s’est battu contre les lois oppressives adoptées pour museler la presse et restreindre la liberté des médias. Son combat le plus célèbre a été une contestation du projet de loi sur la Commission des médias présenté à la Cour suprême au début de 2004.

Malgré les menaces et le harcèlement, il a continué à éclairer le public et à défendre la liberté de la presse, ce qui lui a malheureusement coûté la vie le 16 décembre 2014.

Hydara avait une vision d’une presse indépendante lorsqu’il a créé The Point en 1991. Il était un membre exécutif actif de l’Association des Journalistes de l’Afrique de l’Ouest (WAJA) et plus tard cofondé la Gambia Press Union (GPU) en vue d’avoir un plate-forme pour la communauté des médias de parler d’une seule voix et de créer une solidarité professionnelle.

La Gambie est considérée comme le pays le plus répressif d’Afrique de l’Ouest. Les journalistes et les défenseurs des droits de l’homme continuent d’être la cible de la machination oppressive mise en place pour fermer toutes les voies d’engagement public et l’émergence de voix indépendantes. Le meurtre de Hydara a eu un effet dissuasif sur les médias et a ouvert la voie à une nouvelle ère de répression. La répression a augmenté, ponctuée par l’adoption de lois draconiennes, d’arrestations arbitraires, de détentions secrètes, de tortures et de disparitions forcées.

Ces violations des droits de l’homme restent impunies: le pouvoir judiciaire est subordonné au pouvoir exécutif du Président et le gouvernement a un mépris flagrant de ses obligations fondamentales en matière de droits de l’homme.

Aujourd’hui marque le onzième anniversaire du massacre de Hydara. Onze ans d’impunité. Onze ans de batailles juridiques par sa famille.Onze années de justice refusées.

Le gouvernement gambien continue de refuser de publier le rapport d’autopsie et de mener une enquête indépendante sur la mort de Hydara. Face à un tel déni de justice, la famille de Hydara poursuit toutes les avenues en quête de réparation pour leur perte.

Cependant, le gouvernement a systématiquement refusé de prêter attention aux recommandations de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP). En juin 2013, le tribunal de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a conclu que le gouvernement gambien n’avait pas enquêté sur le meurtre de Hydara et a ordonné au gouvernement d’indemniser la famille. Le gouvernement continue de défier la décision.

ARTICLE 19 réaffirme sa demande d’une enquête indépendante et impartiale sur l’assassinat de Hydara et la fin de l’oppression contre les journalistes et les défenseurs des droits de l’homme .

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