ARTICLE 19 condamne fermement la répression par les forces de sécurité de la manifestation du Islamic Movement in Nigeria (IMN), aussi connu sous le nom de Chiites, entraînant la mort d’au moins deux personnes et l’arrestation par la police, d’au moins 57 autres le 28 Septembre 2021 à Abuja.
Le mardi 28 septembre 2021, des membres du groupe interdit IMN s’étaient réunis pacifiquement pour commémorer “Arbaïn”, qui marque le 40ème anniversaire de la mort de l’Imam Hussein”, un événement religieux largement célébré dans quelques pays musulmans. Les médias et les organisations de défense des droits de l’homme ont fait état d’au moins 2 à 8 personnes tuées et d’au moins 57 autres arrêtées par la Police à Abuja. Le porte-parole du groupe a affirmé que les forces de sécurité avaient tué huit chiites. La police nigériane a réfuté ces allégations de meurtres, déclarant avoir arrêté 57 d’entre eux et réquisitionné des bouteilles d’essence et des sacs de pierres. Le groupe IMN a été interdit en 2019 par un tribunal qui a qualifié leurs activités “d’actes de terrorisme et illégaux”.
Les résultats de nos entretiens avec les acteurs locaux confirment l’absence de violence de la part des manifestants. ARTICLE 19 tient à rappeler qu’une manifestation non autorisée n’est pas nécessairement illégale et que les données disponibles à ce stade attestent sans ambiguïté que la police n’avait nul besoin de recourir à une force aussi extrême contre ce groupe.
“Les droits à la liberté de réunion pacifique et de croyance sont consacrés par la constitution du Nigéria. Les autorités nigérianes doivent arrêter de réprimer les rassemblements pacifiques en recourant de manière excessive à la force contre les manifestants. Elles doivent veiller à ce que leurs forces de sécurité s’abstiennent de faire un usage inutile et excessif des armes à feu pour réprimer les rassemblements civils. Les autorités doivent en outre veiller à ce que des enquêtes rapides, approfondies et indépendantes soient menées sur les cas d’usage excessif de la force et à ce que les responsables soient traduits en justice.” a déclaré Alfred Bulakali, Directeur Régional Adjoint d’ARTICE 19 Afrique de l’Ouest.
Parmi les recommandations que le Nigéria a acceptées lors de son dernier examen au titre de l’Examen Périodique Universel (EPU), figure celle de veiller à ce que les droits fondamentaux à la liberté d’association et de réunion pacifique soient respectés et protégés pour tous les Nigérians, sans distinction et conformément à sa Constitution. Par conséquent, le Nigéria doit faire une priorité pour toutes les agences de sécurité de l’État.
Les autorités nigérianes sont tenues de respecter les droits aux libertés de réunion pacifique et de croyance consacrés par les sections 38 et 40 de la Constitution du Nigéria ainsi que par les articles 21 et 18 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques auquel le Nigéria est partie.
Les Principes de base des Nations unies sur le recours à la force et l’utilisation des armes à feu par les responsables de l’application des lois stipulent que : Pour disperser des rassemblements illégaux mais non violents, les responsables de l’application des lois doivent éviter de recourir à la force ou, lorsque cela n’est pas possible, limiter cette force au minimum nécessaire.
Le principe de non-discrimination relatif aux Lignes directrices des Nations Unies basées sur les droits de l’homme portant sur l’utilisation des armes à létalité réduite dans le cadre de l’application des lois stipule clairement que : Dans l’exercice de leurs fonctions, les responsables de l’application des lois ne doivent exercer aucune discrimination à l’encontre d’une personne en raison de sa race, de son origine ethnique, de sa couleur, de son sexe, de son orientation sexuelle, de sa langue, de sa religion, de ses opinions politiques ou autres, de son origine nationale ou sociale, de son handicap, de sa fortune ou de sa naissance, ou de tout autre critère similaire.
ARTICLE 19 appelle les autorités nigérianes à mener des enquêtes indépendantes afin de traduire tous les auteurs en justice. En outre, la police doit veiller à ce que chacun puisse exercer son droit de réunion pacifique et protéger les personnes qui se réunissent contre les attaques. Par ailleurs, toutes les personnes arrêtées simplement pour leurs convictions devraient être libérées par les autorités.
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Aissatou Diallo Dieng, Executive Assistant, ARTICLE 19 Senegal/West Africa; E: senegal@article19.org T:+221338690322
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