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DECLARATION : LA REPRESSION CONTINUE DE LA DISSIDENCE, SUSCITE DE VIVES INQUIETUDES
ARTICLE 19 est profondément préoccupé par la décision de la Cour d’appel de Bamako confirmant la condamnation et la peine de prison de l’économiste et professeur d’université malien Étienne Fakaba Sissoko. Ce dernier a été déclaré coupable d’injures, d’atteinte au crédit de l’État et de diffusion de fausses nouvelles après la publication d’un livre dans lequel il exprimait des critiques concernant la campagne de communication publique menée par le gouvernement. Il a été condamné à deux ans de prison, dont un an avec sursis, ainsi qu’à une amende de trois millions de francs CFA (environ 4 500 euros). Cette confirmation de jugement soulève de graves inquiétudes quant à la situation de la liberté d’expression et d’opinion au Mali.
Cette condamnation s’inscrit dans un contexte plus large de répression où plusieurs personnalités politiques, activistes et membres de la société civile ont été poursuivis ou placés en détention pour leurs prises de position publiques. Parmi eux figurent Clément Dembélé, militant engagé contre la corruption, Ras Bath, chroniqueur et activiste, ainsi qu’Adama Ben Diara, dit « Ben le Cerveau », et Issa Kaou N’Djim, détenu à la suite de plaintes émanant des autorités de régulation du Burkina.
ARTICLE 19 rappelle que la liberté d’expression est un droit fondamental consacré par la Constitution malienne en son article 14. Ce droit est également garanti par les engagements internationaux et régionaux auxquels le Mali a souscrit, notamment la Déclaration de principes sur la liberté d’expression et l’accès à l’information en Afrique. Cette dernière stipule que la liberté d’expression, incluant le droit de rechercher, recevoir et communiquer des informations et des idées, constitue un élément indispensable de la démocratie. L’Observation générale n° 34 du Comité des droits de l’homme des Nations Unies sur l’article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques réaffirme que la liberté d’expression englobe les discours politiques, les commentaires sur les affaires publiques et les critiques pouvant parfois déranger ou heurter certaines sensibilités.
La confirmation de cette condamnation, ainsi que la détention prolongée d’autres acteurs de la société civile, traduisent une restriction préoccupante de l’espace civique au Mali. ARTICLE 19 exhorte les autorités de transition à respecter les principes de liberté d’expression et d’opinion inscrits dans leurs engagements nationaux et internationaux. Le respect de ces droits fondamentaux est essentiel à la promotion d’une société démocratique, inclusive et ouverte au débat.
ARTICLE 19 réaffirme son appel à la libération de toutes les personnes détenues en raison de l’exercice de leur droit à la liberté d’expression. Garantir ces droits, c’est renforcer l’État de droit et promouvoir un dialogue constructif au sein de la société malienne.
Pour plus d’informations contacter
Astou DIOUF, Chargé de programmes/Espace Civique
Email : astou.diouf@article19.org
Tel : +221 77 160 47 84